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Blog de Séverine Bourguignon, artiste et thérapeute
21 juin 2019

LES ÉCOUTEURS DE RUE : ce qui se passe, ce qui se dit.

Demain, samedi 22 juin de 16 à 18 heures, les ECOUTEURS DE RUES seront au Square Léon (Paris 18e) pendant la Fête de la Goutte d'Or. 11 professionnels de l'écoute et de la relation d'aide seront présents.

J'avais envie, pour répondre aux interrogations de certains, d'en dire un peu plus et de faire un premier retour sur la façon dont les ECOUTEURS DE RUES fonctionnent.

Comment ça se passe ?

En pleine rue, deux chaises face à face, une pour l'écouteur et une pour l'écouté. Les écouteurs invitent les gens à s'asseoir et souvent, les passants viennent s'asseoir ou engagent la conversation d'eux-mêmes, rendus curieux par ces chaises dans la rue, par nos panneaux "on se parle", par nos brassards "écouteurs de rues" ou par notre bâche "ici, on vous écoute".

LES_ECOUTEURS_DE_RUES_AFF_BD1

Et de quoi on se parle ?

De la pluie et du beau temps pour commencer, et, petit à petit, la rencontre se fait, unique de par les personnes et le moment qui la composent. Un sujet ou une thématique émerge. L'écouté reste 5 minutes, le temps de nous féliciter ou de comprendre ce que nous proposons, ou 45 minutes, le temps d'une séance.

Qui vient parler ?

Lors de l'écoute du 8 juin, nous étions 6 écouteurs dans la rue et nous avons écouté 27 personnes. 21 hommes et 7 femmes. Très intéressant sachant que ce sont des femmes qui, à 80% environ, entreprennent des thérapies. Est-ce que dans la rue, les hommes accepteraient davantage de se confier ?

Pour environ la moitié des écoutés, une aide d'ordre sociale est sollicitée. Il manque clairement un chaînon dans le tissu social existant. Parmi ces personnes, il y en a beaucoup d'origine étrangère ayant besoin qu'on les aiguille vers des structures, qu'on les aide à remplir des dossiers (retraite, travail, logement, demande de papiers) ou à comprendre ce qu'on leur demande de fournir ou de remplir. Nous donnons des adresses sans chercher à trouver des solutions. Un livret avec les adresses utiles se complète peu à peu au fil des écoutes.

Un autre quart, fait part de ses (gros) problèmes de famille ou de santé (diabète, stress, vieillesse), de son inquiétude, de son isolement, de sa lassitude et de sa fatigue.

Le dernier quart enfin et de l'ordre du tout venant, quête existentielle, rupture de vie, intérêt pour la démarche dénotant d'une recherche de spiritualité, de lien ou de suivi psychologique. 

Parmi les nombreux migrants qui viennent vers nous, nous avons pu avoir des témoignages de viol, de torture ou de meurtre (que l'on subit ou auquel on assiste). Je souligne ici l'importance d'avoir des professionnels de santé mentale sur le terrain, des personnes formées et habituées à écouter, à réguler de leurs émotions, à mobilier leur attention active...

Personne ne s'écroule, ni écouteurs ni écoutés, les gens repartent apaisés sinon heureux et plus confiants de la relation bienveillante et simple qui a pu être établie. Un des hommes que j'ai écouté, Sénégalais de 56 ans, est venu s'asseoir car il y avait des noirs et des blancs, des hommes et des femmes mélangés et ça lui a paru positif et incitatif.

Où serons-nous la prochaine fois ?

Après l'écoute du 22 juin, qui sera notre 4e écoute, nous tirerons des conclusions de ces expériences enrichissantes afin de définir au mien un certain nombre de critère pour améliorer la pertinence des écoutes. A quelle fréquence faire les écoutes? A combien faire les écoutes? Quels sont les lieux les plus propices ?

Nous reviendrons en septembre avec un calendrier d'ECOUTEURS DE RUES que nous pourrons diffuser à l'avance.

La seule difficulté que nous entrevoyons dans l'immédiat, c'est d'être en mesure de constituer une équipe de thérapeutes et praticiens assez importante pour permettre de maintenir des écoutes régulières sans épuiser les troupes.

Pour des raisons déontologique, nous ne pouvons pas demander aux personnes qui ont été écoutées ce qu'elles pensent de ce dispositif, ce qu'elles en retirent ou comment elles se sentent. En revanche, une question est revenue fréquemment : où peut-on revenir vous voir une prochaine fois? Plutôt bon signe !

Merci à tous ceux qui participent, encouragent, épaulent, montrent de l'intérêt de près ou de loin pour le projet.
Merci au FPH (Fonds de Participation des Habitants) de nous avoir soutenu !

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